VERS DES LABORATOIRES D’INNOVATION PUBLIQUE PLUS TRANSFORMATEURS ET AMBITIEUX ? ENSEIGNEMENTS ET PISTES D’ACTION

Ca y est, le programme les Labonautes se termine ! Petit rappel si vous avez raté les épisodes précédents : A partir d’une petite enquête sur les problèmes vécus par les laboratoires d’innovation publique, nous avons réuni au fil de 8 sessions une vingtaine d’animateurs de labos, praticiens, professionnels et chercheurs entre janvier 2022 et mai 2023. Ensemble nous avons essayé de comprendre comment les laboratoires d’innovation publique -et dans une certaine mesure, les innovateurs publics en général- pourraient progresser dans le sens d’une transformation plus ambitieuse.

La dernière session avait lieu le 10 mai dernier. Nous nous sommes retrouvés au TiLab à Rennes pour partager une série d’enseignements, mais aussi imaginer une douzaine de façon de les concrétiser, sous la forme de projets, depuis les « quick-wins » à court terme, jusqu’ à des réalisations plus ambitieuses et à plus long terme.

1. Les enseignements en bref : un besoin de montée en clarification, en connaissances, en maturité, en systémique et en qualité démocratique…

Le premier enseignement du programme, c’est qu’en règle générale les finalités de l’innovation publique demeurent floues, et que nous (innovateurs publics et laboratoires d’innovation) avons grand besoin de clarifier et d’expliciter quelles ambitions nous portons et la façon dont nous entendons concrètement les atteindre. Cet effort individuel et collectif de clarification n’est pas un exercice facile à réaliser, mais c’est un processus itératif qui permet de sortir progressivement de la confusion (ne serait que vis-à-vis de soi-même !), du risque « d’innovation-washing », de gagner en robustesse, de pouvoir enfin évaluer nos réalisations et de produire des résultats plus tangibles (cf par exemple la théorie de transformation préconisée par la chercheuse Lindsay Cole)

Autre enseignement : nous n’utilisons qu’une infime partie des connaissances disponibles en matière d’innovation et de transformation, celles-là même qui nous permettraient de porter des objectifs de transformation plus ambitieux. Nous avons tendance à nous replier sur quelques approches (par exemple les techniques de facilitation, le design orienté utilisateur, les méthodes d’enquête sociologiques), mais nous n’avons pas dans nos radars toute la diversité des théories, concepts, stratégies, outils, pratiques disponibles qui nous permettraient pourtant d’ouvrir de nouveaux horizons. Nous devons développer nos connaissances !

En rétrécissant ainsi nos perspectives, nous réduisons aussi notre capacité à nous situer dans une trajectoire de progression : A quel stade sommes-nous ? Comment faire mieux ? Sur quoi progresser et comment ? Quelles possibilités nous sont offertes ? Comment penser la prochaine étape ? Nous peinons aussi nous situer dans un ensemble plus vaste, qu’il soit interne ou externe, à penser et agir de façon systémique, au-delà des projets en mode « one-shot » et des communautés de praticiens.

Un autre enseignement est que nous avons du mal à embrasser pleinement la dimension politique de l’innovation et de la transformation publique, et le caractère non neutre des décisions et des arbitrages prises dans ce domaine. A minima, nous devons veiller à ce que les laboratoires d’innovation publique ne renforcent pas les phénomènes de dépolitisation (cf notre échange avec la chercheuse Cécile Robert), voire qu’ils parviennent à ré-alimenter le débat démocratique qui fait souvent défaut sur les enjeux d’innovation publique (ex : conséquences de la dématérialisation, des algorithmes, etc).

Nous constatons enfin, ça et là, une recherche d’articulation croissante entre innovation publique, et transition écologique et sociale. Ce rapprochement est salutaire, notamment du fait qu’il contribue.à renouveler les finalités de l’innovation publique. Mais sommes-nous prêts à ce que la justice sociale, la lutte contre le dérèglement climatique et l’érosion de la diversité deviennent les finalités premières de l’innovation publique ? Un réponse qui nécessitera sans doute de donner des suites au programme Les Labonautes…

2. Trois axes pour (ré)agir : re-théorier, ré-ouvrir, re-politiser

Pour répondre à ces problématiques, nous proposons trois familles de recommandations.

Pour nous éloigner du risque « d’innovation-washing », nous devons sortir du flou en encourageant les laboratoires d’innovation et les innovateurs publics à mieux théoriser leur activité et à s’inscrire dans une démarche de progression.

  • Encourager les laboratoires d’innovation à expliciter quelles finalités ils poursuivent ;
  • Mieux définir, théoriser et codifier l’activité des laboratoires d’innovation, et plus généralement des innovateurs et des innovations publiques ;
  • Valoriser davantage la nécessité de progresser, de franchir des étapes, et de profiter d’appuis adaptés en fonction de son niveau de maturité ;
  • Encourager la production de théories de transformation, en particulier celles qui visent des finalités de changements systémiques (de type 2), par exemple en matière de justice sociale et de transition écologique ;
  • Encourager les pratiques d’évaluation plus qualitatives dans l’innovation publique, à la fois à l’échelle de chaque acteur et dans un cadre collectif ;

Nous pouvons améliorer le positionnement des laboratoires et innovateurs publics en les aidant à s’ouvrir davantage, dans toutes les dimensions.

  • Aider les innovateurs publics à mieux identifier les réseaux sur lesquels s’appuyer en interne et en externe ;
  • Inscrire l’action des laboratoires d’innovation dans un cadre plus systémique, travailler davantage sur les inter-dépendances (administratives, géographiques, sectorielles, etc), mieux comprendre à quel endroit du système l’action du laboratoire serait la plus forte ;
  • Identifier et cartographier les points de blocage qui empêchent la transformation publique d’atteindre ses finalités (compétences, statuts, trajectoires professionnelles, externalisation/internalisation, place de la recherche, etc) et créer les cadres et des infrastructures permettant de le faire ;
  • Elargir les horizons des innovateurs publics en les ouvrant à de nouvelles connaissances, théories, pratiques, paradigmes, pour les aider à découvrir sans cesse de nouvelles possibilités et leur apprendre à se réinventer ;
  • Sortir d’une vision « projet par projet » et s’inscrire davantage dans le long terme, en sortant des formes de précarité statutaires, en privilégiant la gestion par portefeuille d’innovations, les missions pluri-acteurs, les projections stratégiques à moyen et long terme (3, 4, 5 ans et plus) ;
  • Privilégier les pratiques de coopération, du co-développement jusqu’à des projets menés en coopération (innovation par missions pluri-acteurs, R&D sociale, etc) ;

Nous devons plus résolument aborder la dimension politique des laboratoires d’innovation publique.

  • Questionner et mettre davantage l’accent sur le sens, les valeurs et les finalités de l’innovation publique, au niveau individuel, collectif et institutionnel ;
  • Mieux identifier les limites et le cadre de contraintes pour comprendre comment le dépasser, penser le rapport à la règle, construire et gagner des marges de manoeuvre et de furtivité et construire son indépendance, assumer l’existence de tensions, traiter les risques de dépolitisation de l’action publique ;
  • Ouvrir davantage les laboratoires et les innovateurs publics à la production de controverses et à l’émergence de nouveaux paradigmes, donner davantage mandat aux laboratoires d’innovation et aux innovateurs publics de porter comme finalité la réduction des injustices écologiques et sociales ;
  • Mieux comprendre et nous engager dans les enjeux de pouvoir, réouvrir les systèmes de décision et inclure davantage dans la gouvernance celles et ceux qui en sont exclus ;
  • Inscrire les laboratoires et l’innovation publique a minima dans les grands principes du service public : continuité, égalité, mutabilité ;
  • Intégrer plus systématiquement les élu.es dans la gouvernance et les activités des laboratoires d’innovation publique, et être plus intentionnels dans leur participation (ex : associer des élu.es en charge des politiques sociales et/ou de la transition, et pas seulement celles/ceux en charge de l’innovation ou du numérique) ;
  • Outiller les innovateurs publics et les laboratoires d’innovation dans ce sens : auto-diagnostics, kits de transformation, critères de succès préalables au choix des projets, cartographies des controverses, capacités d’auto-saisine sur des enjeux oubliés ou cachés, capacité de saisine par les citoyens, etc ;

Le point commun de ces axes, c’est de montrer que tout ne dépend pas de facteurs extérieurs, et que si elles le veulent, les équipes des laboratoires d’innovation publique disposent de leviers et de marges de manoeuvre pour faire franchir à la transformation publique une nouvelle étape, plus ambitieuse et transformatrice ! Si vous n’en êtes pas encore convaincus, lisez ces 11 conseils de Lindsay Cole et Lily Raphaël à l’intention des animateurs de laboratoires d’innovation publique.

3. Une douzaine de propositions pour la suite

De nombreuses suites aux Labonautes sont déjà en cours : une formation à l’innovation en préparation à l’EHESP, des mises en oeuvre en Bretagne dans le cadre de TiLab 2024, des présentations dans plusieurs communautés et événements -des trajectoires professionnelles ont même été directement influencées par le programme ! Nous avons profité de la dernière session de travail pour aller plus loin, en partant des besoins et des positionnements de chacun.e, et en essayant d’identifier des « quick-wins », des réalisations tangibles à court ou moyen terme. Les propositions vont dans plusieurs directions. Elles sont synthétisées dans les 4 schémas ci-dessous (avec les avis des participants dans des cartouches rouges), puis chacune d’entre elle est détaillée.

 

4. Les propositions en détail

> Des propositions pour encourager le compagnonnage et les communautés apprenantes

Des cercles de co-développement

Equipes et laboratoires d’innovation publique souhaitent continuer à progresser collectivement. Ils veulent développer les activités de co-développement, continuer à mettre en pratique et tester des outils (par exemple la Région Bretagne dans le cadre de TiLab 2024) et en partager les retours d’expérience collectivement, définir des modalités de production de ressources partagées. Ils veulent continuer à mieux définir ce que sont les labos mais aussi ouvrir de nouvelles pistes sur la gouvernance de l’innovation publique (depuis les labos inter-institutionnels jusqu’aux missions d’innovation). Ils veulent développer de nouvelles activités, par exemple des temps collectifs sur des débats qui « grattent », des controverses (ex : innovation washing, jusqu’où faut-il aller pour changer le management public), des discussions.

Une fonction d’ambassadeur-pour créer du commun

Les Labonautes ont montré l’intérêt d’inscrire les participants dans une logique de communauté apprenante, dans laquelle chacun est invité à tester de nouveaux outils ou concepts, mais surtout à revenir vers la communauté avec les enseignements de ces tests, et à les documenter. Mais hors du cadre des Labonautes, cette activité est à la fois chronophage, et peu valorisée y compris sur le plan économique. Reconnaitre et valoriser cette fonction d’ambassadeur, mais aussi de compagnonnage entre « anciens » et « nouveaux » représenterait une autre façon de faire communauté, au-delà du seul échanges de pratiques. Il faudrait également  privilégier la participation en tant que contributeur, pas comme spectateur ; il faut que chacun.e  adopte des principes communs d’évaluation, de théorisation, de montée en maturité, de documentation ouverte. Plus les laboratoires d’innovation s’inscrivent dans cette logique de compagnonnage et de partage, plus ils devraient être rétribués pour celà. Une telle fonction pourrait consister à conduire et participer à des expérimentations dans nos communautés respectives, à les documenter, à alimenter collectivement le site Labonautes.fr, à assurer un feed-back dans chaque territoire et chaque communauté, etc..

Labonautes.fr, V1 et V2

L’un des aboutissements tangibles du programme les Labonautes et le micro-site Labonautes.fr, conçu comme une boussole pour les innovateurs publics, et un outil de monté en maturité, rassemblant des dizaines de ressources pratiques et théoriques, outils d’auto-diagnostics, conseils pour progresser dans le sens d’une transformation plus ambitieuse. Cette V1 a été conçue collectivement, grâce aux contributions de tous les participants des Labonautes. Il faudrait maintenant programmer la réalisation d’une V2 qui pourrait constituer la plateforme commune des ambassadeurs-labonautes (cf ci-dessus), facile à actualiser et à nourrir de nouveaux outils, mais aussi de retours d’expériences, de nouvelles ressources partagés par toutes les communautes.

Un nouveau projet pédagogique pour le cycle « Conduire un Laboratoire d’Innovation Publique ».

La mission innovation de la Direction interministérielle à la transformation publique entend s’appuyer sur les enseignements et les outils des Labonautes pour repenser et structurer le programme pédagogique et le processus de formation de CLIP (Construire un Laboratoire d’Innovation Publique), identifier de nouveaux intervenants. Les enseignements des Labonautes pourraient trouver des applications dans d’autres programmes menés par la DITP – par exemple sur l’ évaluation et le changement systémique.

> Des propositions pour développer la recherche dans l’innovation publique et les laboratoires d’innovation

Une carte des usages de la recherche dans l’innovation publique

Les labonautes ont été l’occasion de mobiliser des chercheur.euse.s dans des postures variées (Lindsay Cole, Mathias Bejean, Cécile Robert, les équipes d’Ellyx…), et plusieurs labos et équipes innovation publique travaillent déjà avec des chercheur.euse.s (exLab Accès en Bretagne). L’un des enseignements des Labonautes est l’intérêt qu’il y aurait à rapprocher davantage chercheurs et innovateurs publics. Mais les finalités tout comme les modalités de cette collaboration peuvent prendre des formes très différentes. Certaines de ces modalités sont familières à certains (par exemple l’accueil d’un doctorant en CIFRE en collectivité), d’autres sont plus émergentes, ou plus sophistiquées (R&D sociale, recherche-action, recherche participative). Cartographier la diversité des usages de la recherche permettrait d’offrir aux acteurs une boussole, un outil pour sortir des généralités sur la recherche dans l’action publique, d’orienter leur choix et leurs investissements en fonction de leurs besoin, mieux appréhender les besoins des chercheurs en fonction des contextes donnés. Une telle carte pourrait ouvrir la voie à la production d’une feuille de route collective des priorités de recherche en matière d’innovation publique (cf projet X). La production d’une telle carte pourrait s’inspirer d’initiatives existantes, telle que la carte des usages de l’évaluation de Quadrant Conseil pour l’AFD, ou le rapport AFD/Quadrant Conseil « Qu’attendre de la recherche pour éclairer l’action publique ? ». Elle pourrait partir d’un travail d’enquête auprès de dispositifs existants, par exemple FIP EXPLO , La Base en Nouvelle-Aquitaine, Lab Accès en Bretagne, le laboratoire des transitions en Occitanie, des programmes de recherche-action de la 27e Région, les projets d’Ellyx, le travail des chaires à Sciences Po Lyon et INSP/ENSCI à Paris, les thèses menés par les doctorants référencés par 1000 doctorants pour les territoires, les recherches d’Où sont les dragons sur les laboratoires inter-institutionnels, etc. Une première version de cette carte pourrait servir d’entrée en matière pour une journée sur la recherche et l’innovation publique organisée à Lille par la MEL en septembre 2023.

Une cartographie des controverses de l’innovation publique

L’important travail initié par le TiLab sur la dématérialisation des services publics (Lab Accès)  témoigne du fait qu’il manque aux innovateurs publics des éléments de clarification sur les controverses liées à tous les grands enjeux d’innovation et de modernisation de l’action publique –non seulement sur les enjeux de dématérialisation, de simplification et de médiation du service public, mais ceux liés aux algorithmes, aux enjeux de management et de leadership dans la fonction publique, d’internationalisation et d’externalisation des compétences, et bien d’autres encore. Produire une cartographie des controverses sur chacun de ces sujets permettrait de réintroduire des marges de manoeuvre dans les arbitrages et les visions en vigueur dans le champ de l’innovation publique, et pourrait ouvrir des dynamiques –par exemple en constituant une feuille de route pour de futurs programmes de recherche.

Un feuille de route collective des priorités de recherche en innovation publique

Un enseignement indirect de la carte des usages de la recherche en innovation publique (projet X) risque d’être la grande hétérogénéité des recherches passées, actuelles et en cours, et l’opportunité d’identifier et d’établir collectivement une liste de thèmes jugés prioritaires à la transformation publique. Une telle feuille de route, dotée de diverses moyens incitatifs et coordonnée par exemple par la DITP, pourrait constituer une programmation de plusieurs années et orienter les futurs programmes de recherche menés par les laboratoires, les doctorants, les collectivités, les thinks-tanks, associations, et opérateurs divers. Elle pourrait également être l’occasion de réunir et cartographier les travaux existants, afin de mieux les mettre en partage dans les communautés de l’innovation publique.

Un nouveau programme de recherche en innovation publique

L’un des derniers programmes de recherche fondamentale mené sur le thème de l’innovation publique est « FIP EXPLO », conduit entre 2014 et 2017. Comment relancer la dynamique, et quel nouveau programme pourrait être lancé ? Parallèlement au projet de feuille de route (projet X). Est-ce que des enjeux débattus dans le cadre des Labonautes pourraient faire l’objet d’une nouvelle recherche, par exemple sur le design et la recherche scientifique, ou bien l’innovation publique et la justice sociale ?

Sur ce dernier thème, la chercheuse Lindsay Cole propose d’ores et déjà d’établir un partenariat autour d’un programme de recherche de deux ans mené par l’Université de Colombie Brittanique à Toronto (Canada), portant sur la transformation publique et la justice climatique et sociale. Une piste à suivre ?

Un article de réflexion sur les alternatives au consulting pour la revue Horizons Publics

Les agences, consultant.e.s et free-lance qui ont participé aux Labonautes (mais aussi d’autres intervenants extérieurs) expriment le besoin de continuer à créer des cadres de discussion communs avec les acteurs publics, des espaces de recherche, d’expérimentation, de coopération voire de R&D communs. Certain.e.s se demandent comment continuer à viser un objectif de justice sociale et de repolitisation de l’action publique, D’autres proposent de questionner en profondeur le modèle concurrentiel qui empêche de construire des coopérations public-privé-recherche. La première étape serait de co-publier une contribution dans ce sens pour la revue Horizons Publics. Cette proposition est venue d’intervenants extérieurs aux Labonautes (Agence Pratico-Pratique, Strategic Design Scenarios) mais elle intéressera sans doute Itinéraire Bis, GRRR, Nunaat, etc.

> Des propositions pour outiller la formation initiale et continue

Un dispositif mobile pour produire des programmes pédagogiques à partir des programmes de recherche

L’EHESP a participé , les écoles des trois fonctions publiques (INSP, INET, CNFPT) n’ont pas directement participé aux Labonautes mais les participants voient dans les Labonautes une source d’inspiration pour de nouveaux programmes pédagogiques et formations pour faire monter en compétences agents publics et professionnel.le.s ; à condition de mieux repartir de la culture de ces écoles, rompre avec la vision traditionnelle de l’innovation pour une posture plus de questionnement ; aborder la question des statuts, carrières, salaires, de la pérennisation des postes pour plus d’anti-fragilité.

Un parcours de formation « tronc commun » sur l’innovation publique pour l’INSP, le CNFPT et l’EHESP

A partir d’une cartographie des formations existantes à l’innovation publique, construction d’un tronc commun aux écoles de l’administration, composé d’apports théoriques à jour, mais aussi d’immersions dans des équipes innovation et dans des cas pratiques.

> Des propositions pour repenser la gouvernance de l’innovation publique, et les statuts et carrières dans l’innovation publique

Une réflexion à mener sur les statuts et les carrières de l’innovation publique

La nature des transformations à opérer est incompatible avec les statuts actuels des agents en charge de l’innovation dans les collectivités et les administrations. Tout d’abord, la grande majorité des postes dans le champ de l’innovation publique sont l’objet de contrats de travail privés, souvent à durée déterminée et ce dans les trois fonctions publiques : Etat, territoriale, hospitalière. Une très petite minorité d’innovateurs publics sont fonctionnaires. L’un des corollaires est que peu de professionnels de l’innovation publique peuvent espérer occuper un jour des postes de direction tant les trajectoires professionnelles sont ératiques et le turn-over important, rendant difficile la capitalisation et la professionnalisation des personnes. D’ailleurs, les professions de l’innovation publique ne font l’objet d’aucune nomenclature au sein de la fonction publique. Quant à la question des recrutements, des profils de postes, des compétences et de la formation des professionnels de l’innovation, elle est également largement négligée. Tous ces éléments fragilisent les équipes en charge de l’innovation, d’autant plus lorsqu’elles doivent accompagner des démarches de transformation ambitieuses dans lesquelles les rapports de force jouent un rôle important. Une réflexion sur tous ces sujets a besoin d’être engagée.

Questionner la gouvernance de l’innovation publique et des laboratoires d’innovation publique

Les laboratoires d’innovation publique devraient-il faire l’objet d’un statut ou d’une gouvernance particulière ? Comment mieux articuler l’innovation publique entre les différents échelons locaux, régionaux, nationaux ? Comment aider les réseaux locaux, régionaux à franchir une nouvelle étape ? Quid de la relation Etat/Collectivités dans la conduite de l’innovation publique ? Manque t-il une « maison des laboratoires d’innovation », une maison territoriale de l’innovation ? Toutes ces questions invitent à dépasser le cadre des réseaux actuels et réflechir à une nouvelle gouvernance de l’innovation publique.

En conclusion, le programme les Labonautes se termine sur quelques pistes pour aider les laboratoires d’innovation publique -et plus généralement les innovateurs publics- à s’inscrire dans une toute nouvelle étape, plus ambitieuse mais peut-être aussi plus passionnante encore. Une histoire à suivre ! N’hésitez pas à nous faire part de vos réactions, idées et propositions !